Nos orga­ni­sa­tions ont pris connais­sance de la cam­pagne d’affichage minis­té­rielle sur la laï­ci­té. Ces affiches entre­tiennent une série de confu­sions et sus­citent une inquié­tude et un rejet impor­tant dans la pro­fes­sion, sur une thé­ma­tique qui demande de la clar­té et de la sérénité.

En effet, elles entre­tiennent la confu­sion entre l’apparence et le patro­nyme des élèves repré­sen­tés et leur iden­ti­té reli­gieuse sup­po­sée. Le rôle de l’école n’est pas d’assigner les élèves à telle ou telle iden­ti­té mais au contraire de viser à l’émancipation de toutes et tous.
D’autre part, les affiches entre­tiennent une confu­sion entre la laï­ci­té et des valeurs comme le vivre-ensemble, la coexis­tence ou le mul­ti­cul­tu­ra­lisme. Les dif­fé­rences entre élèves sont ain­si pré­sen­tées de manière néga­tive, comme si elles met­taient en dif­fi­cul­té ces valeurs, et comme si la laï­ci­té était une solu­tion à ces dif­fi­cul­tés. Enfin, le choix des pré­noms et des carac­té­ris­tiques phé­no­ty­piques ren­voie à l’idée que les enjeux de pro­mo­tion de la laï­ci­té concer­ne­raient en pre­mier lieu les élèves issus de l’immigration. À aucun moment ne sont rap­pe­lés ni même évo­qués les fon­de­ments de la laï­ci­té, à savoir la liber­té de conscience, la neu­tra­li­té de l’É­tat et l’é­ga­li­té des droits. De plus, cette cam­pagne va tota­le­ment à l’encontre des conte­nus péda­go­giques uti­li­sés par les ensei­gnants et
ensei­gnantes pour appré­hen­der au mieux cette notion avec les élèves.

Ces choix ne cor­res­pondent ni à l’esprit ni à la lettre de la loi de 1905, mais bien plu­tôt à un dévoie­ment de la laï­ci­té à des fins poli­tiques, notam­ment en stig­ma­ti­sant les jeunes issus de l’immigration. Cela s’inscrit dans une série d’attaques récentes contre le prin­cipe de laï­ci­té : sup­pres­sion de l’Observatoire de la laï­ci­té, rap­port Obin, loi sur le Sépa­ra­tisme, sans par­ler du détour­ne­ment des fonds publics chaque année au pro­fit de l’enseignement pri­vé confessionnel.

Pour toutes ces rai­sons, cette cam­pagne d’affichage nous semble mal­ve­nue. Elle doit être reti­rée. Le prin­cipe de laï­ci­té doit sor­tir des polé­miques et des ins­tru­men­ta­li­sa­tions de tous ordres. Le res­pect de la loi de 1905, le Sta­tut de fonc­tion­naire d’Etat et la liber­té péda­go­gique consti­tuent la meilleure pro­tec­tion pour les per­son­nels et les élèves eux-mêmes.

 

CGT Éduc’ac­tion – FNEC-FP-FO – SUD Éducation